Un seul Ministre vous manque…

Un seul Ministre vous manque…

Le nouveau gouvernement Borne.

Je n’entends pas démentir cette ample rumeur dont les réseaux sociaux bruissent depuis quelques jours : « Le Ministre est revenu ! »

Oh, je n’avais pas abandonné ce beau Ministère du Dimanche de plein gré mais, lorsque l’effroi d’un confinement drastique causé par une félonie chinoise transforme chaque jour de la semaine en un dimanche interminable, il ne reste au Ministre dudit Dimanche qu’à s’emparer de sa cape, de son épée et de son chapeau pour s’en retirer dignement en son castel breton.

Mais la glorieuse adoption de la réforme des retraites suivie des brûlantes festivités juvéniles du mois dernier a sans doute restauré dans l’âme de nos princes l’esprit de grandeur à en juger par le coup de téléphone que j’ai reçu la semaine dernière : « C’est la merde, il faut rappliquer mon vieux, on se fait hacher menu, on a besoin de vous pour le Ministère du Mercredi…

—  Heu… du Dimanche vous voulez dire !

—  On s’en fout ! Mercredi, dimanche, un jour où personne ne fout rien quoi ! »

J’estimais nécessaire de porter à la connaissance de l’obscur chef de bureau que le Ministre du Dimanche ne saurait s’inscrire dans un climat aussi détestable au moment où le moindre secrétaire d’État se prend des seaux de fumier dès qu’il paraît à la terrasse d’un café. Mais l’entretien téléphonique n’était pas encore terminé que ma porte en vieux chêne volait en éclat sous les coups de bélier d’un affable commando de gendarmes qui me plaquèrent au sol avant de me jeter dans une limousine capitonnée.

La salle du Conseil des Ministres était déjà pleine de mes collègues dont plusieurs avaient préféré organiser une joyeuse pyjama-partie sur place plutôt que de tenter un retour vers leurs domiciles incendiés. L’on distinguait à peine la trace d’une touffe de cheveux arrachée sur le crâne de ma chère amie Piano-Panier qui revenait d’un bain de foule dans sa circonscription. Conscients de l’honneur que nous avions tous de servir les plus hauts intérêts de l’État, nous attendions recueillis l’arrivée du Président de la République, laquelle me permit d’être délivré de mes menottes comme l’exige le protocole.

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