To week or not to week
La rentrée coïncide, on le sait, avec la saison des grands sommets internationaux et j’ai donc accueilli ce dimanche à Biarritz le Sommet des Ministres du Dimanche du G28, constitué, je vous le rappelle, du G32 additionné du G7 moins la part réservataire du G15 et augmenté du quart du G5 amputé, nous le regrettons tous, de la République de Saint-Marin, exclu du G18 pour défaut d’assiduité. Après une somptueuse parade dans la ville en costume traditionnel à pois et sous les hourras d’une foule encore estivale, nous avons entamé nos importants travaux l’âme résolue mais conséquemment abreuvée.
Comme la presse s’en est fait l’écho impartial, nos travaux ont essentiellement porté sur le dossier capital et ô combien délicat de la place du dimanche dans la semaine. Des décisions étaient attendues et mes collègues et moi-même n’avons pas ménagé la somptueuse cave du casino pour parvenir à dégager une réforme frénétiquement novatrice.
Le constat unanime, porté par les opinions publiques universelles, était que le dimanche, placé en toute queue de semaine, laissait nos concitoyens et yennes, après une interminable semaine de travail, dans un immense état d’épuisement que le repos dominical n’aurait su pleinement atténuer.
La première mesure qui fut envisagée par le G27 (Le ministre du Liechtentein ayant déclaré forfait au cours du match de pétanque) fut de déplacer le dimanche au milieu de la semaine afin de créer ainsi une oasis de loisir au cœur des astreintes du labeur. Très vite, il est apparu qu’on ne pouvait séparer le dimanche de son samedi sans gravement pénaliser les heureux propriétaires de résidences secondaires. Aussitôt dit, aussitôt fait et à l’aube de la deuxième journée du Sommet, la nouvelle semaine fut annoncée à la presse telle que suit : Lundi, Mardi, Mercredi, Samedi, Dimanche, Jeudi et Vendredi.
Comme on le voit, cette nouvelle semaine constitue indiscutablement un progrès significatif mais perturbe peut-être à l’excès les saines habitudes séculaires de nos électeurs valétudinaires. Il fut donc convenu de renommer les jours de semaine de telle sorte que le Lundi deviendrait Mercredi et ainsi de suite. Conséquemment à cet heureux amendement bulgare, la semaine rénovée fut présentée à la presse à l’aube avinée de la troisième journée du Sommet telle que suit : Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi, Dimanche, Lundi et Mardi.
Nous nous apprêtions à nous quitter chancelants mais enthousiastes pour regagner nos continents respectifs lorsque Lord Fauntleroy, ministre britannique du Dimanche, nous opposa que les Lundi et Mardi étaient à ce point accoutumés à commencer la semaine de par le vaste monde qu’il lui paraissait judicieux et d’un moindre mal, de déplacer également ces deux jours sans toucher aux autres modifications, pour conclure notre Sommet sur un triomphe complet. Il faut bien reconnaître que notre éminent collègue avait su gagner nos suffrages avec son Pure Malt 16 ans d’âge et que c’est ronds comme de queues de pelles que nous avons accédé à sa requête, à l’aube envapée de la quatrième journée du Sommet. Le communiqué final du Sommet a donc établi, qu’après trois jours et trois nuits d’intenses et fructueuses discussions, la nouvelle semaine mondiale s’établissait ainsi : Lundi, Mardi suivis de Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi et Dimanche.
De retour à Paris dans mon ambulance de fonction, j’eus à peine l’intuition, à travers mon brumeux coma, que ce salaud de british nous l’avait encore mis bien profond.
8 réflexions sur « To week or not to week »
Les commentaires sont clos.