Gilets Jaunes et Quantiques

Gilets Jaunes et Quantiques

Les emplois du temps du Président et du ministre de l’Intérieur en question

Il convient de rétablir toujours les vérités incontestables : Non, la semaine dernière, ni notre vénéré Président ni mon bien-aimé collègue Castaner n’étaient l’un au ski et l’autre en boîte de nuit. Les explications les plus simples s’imposent et je me dois de les communiquer en priant mes aimables lecteurs et délicieuses lectrices de bien vouloir en conserver le secret le plus total.

Après le triomphe jupitérien du Grand Débat National, il est devenu indispensable de mettre un terme aussi résolu que définitif à la litanie hebdomadaire des Actes chaque fois plus hostiles des Gilets Jaunes. C’est pourquoi une poignée de ministres dont votre serviteur a suivi le Président pour une démonstration étourdissante d’un nouvel appareillage du Centre d’Études Atomiques à Saclay : l’Intricateur Quantique par Substitution de Bosons. L’objectif, vous l’avez deviné, est d’aspirer les Gilets Jaunes résiduels dans l’intricateur pour les faire disparaître sans les tuer ni même les éborgner dans les régions les plus éloignées de l’univers, dans le nuage de Magellan, la nébuleuse d’Andromède ou dans le pavillon de Madame Tricot à Juvisy. Les derniers tests effectués par nos physiciens atomistes s’étant montrés fort concluants avec des souris ou avec le premier secrétaire du Parti Socialiste qu’on a retrouvé errant dans les rues d’Ivry à la recherche d’un kebab, ces spécialistes renommés nous ont proposé une dernière démonstration avant d’engager la phase opérationnelle d’aspiration massive quoique quantique.

Nous étions donc assis dans la salle de contrôle de l’intricateur quand le glomufigeur central fut lancé à une puissance moyenne par le professeur Krzlkwsky, directeur par contumace de l’intricateur, nous permettant d’assister à l’intrication quantique de deux jumeaux chinois achetés à vil prix pour l’occasion dans le treizième arrondissement. C’est là qu’une légère erreur de paramétrage produisit un éclair éblouissant et nous entendîmes alors résonner la voix du ministre de l’Intérieur « Mais, Mademoiselle, je ne sais pas danser ! Vous avez de super nichons, je n’en disconviens pas, mais je suis attendu ailleurs ! Bon, cinq minutes mais pas plus, d’accord quinze minutes mais je te masse les épaules ! » Horreur ! Castaner n’était plus parmi nous dans la salle ! Le professeur Krzlkwsky nous rassura : « Simple inversion baryonique, rien de bien méchant mais voyez comme c’est efficace ! » Il appuie successivement sur quarante-huit boutons et c’est le Président qui s’évapore alors de la pièce sous nos yeux ahuris. « Elle est bonne celle-là ! nous dit la voix présidentielle sortant de l’intricateur, je suis sur une piste verte ! Moi, sur une piste verte ! Elle ne marche pas votre machine ! Mon bon, vous là, oui, l’homme du peuple avec un bonnet ridicule, la piste noire, elle est où ? » Et instantanément, nous voyons reparaître Castaner en chemise à fleur et suant à grosses gouttes : « Putain, quelle nuit ! C’est une tuerie votre appareil ! » À côté de lui, au lieu de notre Emmanuel préféré, nous voyons apparaître le président algérien Bouteflika dans son fauteuil roulant qui nous annonce : « Saletés de Français ! J’ai viré le préfet de Police Delpuech ! Tenez, le voilà ! » Et il nous présente une boîte avec une Légion d’Honneur gesticulante dedans. Une sourde inquiétude nous gagne doublée d’un imperceptible scepticisme quant au succès de la démonstration. Dans une belle unanimité, nous poussons Bouteflika, son fauteuil et la boîte du préfet de Police dans l’intricateur, le téléphone sonne, Castaner décroche, c’est Macron : « Venez me chercher ! Je suis à Chatelet-les-Halles avec des chaussures de ski… allô ? » Je demande au professeur Krzlkwsky de régler sa quincaillerie, trois Gilets Jaunes apparaissent alors dans la salle et cassent tout en criant au complot sioniste, un hélicoptère nous ramène le Président tout bronzé, nous tabassons de concert le professeur et nous nous enfuyons du CEA sous un beau ciel verdâtre où luisent, paisibles, deux superbes lunes.

Je ne doute pas que l’exposé cru et limpide des événements n’emporte la conviction de nos concitoyens crédules : il ne sert à rien d’élucubrer sur des ragots insensés complaisamment colportés par une opposition politique exsangue quand le simple énoncé des évidences permet de lever toutes les incertitudes.

Pour ma part j’ai regagné mon ministère en traîneau à chien mais un babouin en uniforme que je ne connaissais pas m’en interdit l’accès prétextant indignement que si j’étais le Ministre du Dimanche, lui était le Grand Gorille Galactique.

Je ne m’explique pas encore cette insolence.

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