Des bienfaits de la chasse

Des bienfaits de la chasse

Je ne vais pas me cacher, pourquoi me cacherais-je et étant ministre du Dimanche, il est évident que je suis aussi un farouche défenseur de la chasse, ce droit féodal qui fait désormais de tout détenteur d’un permis républicain un seigneur sur les terres d’autrui. Après un accident de chasse qui a coûté la vie à un vététiste, mon ami Alain Péréa, député de l’Aude, a bien voulu faire une proposition sagace en suggérant que la pratique du VTT soit interdite durant la saison de la chasse soit quatre mois par an, ce qui correspond de surcroît à des périodes boueuses où la pratique du vélo est des plus salissantes.

Je le trouve un brin excessif le petit père Péréa car il y a bien d’autres façons de réconcilier la chasse et la pratique du vélo dans les forêts dominicales. Pourquoi donc s’interdirait-on de faire du vélo quand on peut pratiquer cet exercice salutaire tout en chassant ? Un peu d’entraînement est certes requis pour tirer le faisan tout en pédalant mais un tel défi est-il pour effrayer ces vaillants amateurs de sous-bois giboyeux ? Or si un vélocipédiste ordinaire peut être confondu à l’évidence avec un sanglier ou un lapin de garenne en raison du pelage qu’ont en partage le gibier et le féru de petite reine, la confusion est exclue dès lors que le cycliste est armé d’un fusil qui fait « pan pan ! ».

Une autre solution – comme quoi il existe toujours des solutions sages et multiples à un problème épineux – consisterait à apprendre la pratique du vélo aux sangliers, cerfs et autres orignaux permettant ainsi aux chasseurs, ô joie ineffable, de dégommer simultanément un animal et un vététiste. Là encore, on m’objectera le manque d’entrain du sanglier ou du bison à se jucher sur la selle d’un vélo mais si des ours autrement féroces sont capables de pédaler dans les cirques, je ne vois pas bien ce qui dispenserait une perdrix de cet effort.

Quoique, dans le contexte actuel des impressionnantes inondations qui ont meurtri le département de l’Aude, notre député Péréa serait bien inspiré d’inviter ses amis chasseurs à se convertir à la pêche au gardon. À moins qu’il n’envisage, par une audace qui ne lui est pas étrangère, d’apprendre à nager aux sangliers. Il y a bien des baleines qui s’en donne la peine et elles sont autrement plus lourdes.

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