Pas de Pitié pour les microbes !
Des gilets jaunes investissent l’hôpital de la Pitié-Salpétrière
Tenu trop longtemps éloigné de ma fonction ministérielle par la perversité asiatique d’un monstrueux virus venu d’on ne sait quelle contrée épicée dans les bagages insalubres de quelque migrant tonkinois, je suis pénétré de l’urgence qu’il y a pour moi de révéler dans la transparence la plus absolue à mes impitoyables lectrices et -teurs les détails de cette malencontreuse pharyngite aux conséquences politiques inattendues.
Tout a commencé par des picotements dans l’arrière de la gorge ce qui, considéré depuis ma vaste expérience prophylactique, constitue une déclaration de guerre totale. Il convient de préciser que je suis le roi de l’auto-médication et que les médecins de mon quartier s’épuisent en pétitions prétendant m’interdire tout accès à la maladie sans leur ordonnance. Je les méprise.
De toux catarrheuses en éternuements productifs et de glaires en glaires, j’en suis parvenu aux limites de mes capacités auto-thérapeutiques quand, dans un délire consécutif à la fièvre, j’ai entrepris avec gravité de procéder à un lavement nasal avec une bouteille de Champomy. L’échec total de cette audacieuse initiative a convaincu ma femme de l’impérieuse nécessité de mon internement d’office en établissement hospitalier.
Parallèlement à ces déconvenues physiologiques, j’ai reçu tout le soutien amical et chaleureux du Président et du gouvernement s’inquiétant de ma santé jusqu’à cette adorable Sibébète qui ne manqua pas de me prodiguer les plus délicieux conseils filiaux : « Prends-le temps de te soigner, c’est important, même s’il faut que tu démissionnes pour cela. Je peux rédiger ta lettre pour ne pas te fatiguer. » J’ai ainsi compris qu’elle exprimait avec toute son affection de tradition subsaharienne, le souhait ardent de mon retour prompt et vaillant aux fermes commandes de mon ministère « de pacotille » selon la tendre expression du Premier ministre. J’entrepris donc une remontada bronchique dont il n’y a que peu d’exemples dans les annales du sport cycliste et j’informai heure par heure l’Élysée de ma courbe de température ainsi que des évolutions de ma diarrhée qui paraissait préoccuper le Président lequel m’a lui-même et très personnellement adressé ce SMS : « Fais pas trop chier, ça pourrait être mauvais pour toi ! »
C’est alors, vous ne me croirez pas et pourtant, il faut bien admettre que parfois dans la vie, le cocasse se mêle à l’incongru, c’est alors donc qu’étant tranquillement alité dans ma chambre de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière où je surmontais un à un tous les obstacles vers une guérison triomphale, que j’entendis comme une clameur joyeuse venue des tréfonds de la liesse populaire emmitouflée de jaune dans la fraîcheur excessive de ce samedi printanier : « Pâques aux tisons, le Ministre au balcon ! » Et de grossir, et d’enfler et d’exploser en foule enthousiaste et papillonnante autour de mes fenêtres, leurs douces trognes rougeaudes d’alcooliques non repentis désormais agglutinées contre mes vitres. Une fière escouade d’archers royaux vint gentiment tempérer les ardeurs sentimentales de ces braves indigènes et je saluai ce peuple soulagé en agitant fraternellement mon urinal. Je demandai à l’infirmière de bien vouloir se saisir de deux dents et d’un œil égarés sur mon balcon afin de les restituer dès que possible à leurs propriétaires distraits.
J’ai lu ça et là des relations douteuses des événements de la Pitié-Salpêtrière mais j’ai promis une transparence totale et définitive sur cet épisode bronchito-hospitalier : je m’y tiens plus que résolument.
Autre point cardinal qui ravira mes plus chères supportrices : je suis en cours de rétablissement complet, ma température est descendue à 42° et mes selles sont désormais en couleur.
Vision d’Euro
20 mai 2019
Élections européennes et concours de l’Eurovision
À une semaine d’écart, les Français sont convoqués par deux fois à voter dans un scrutin européen et ils ne comprennent pas, ils ne décolèrent pas. Depuis des mois, ils se préparent à porter vers un triomphe sidéral le jeune chanteur Bilal Hassani, candidat français à l’Eurovision dans une rare communion nationale ethno-compatible non genrée et voilà qu’ils apprennent qu’au mépris de toutes les bienséances démocratiques, il leur est interdit de voter pour le vibrionnant élu de leur cœur ! Pire, il leur est commandé de voter pour des candidats étrangers très laids, sans perruque et dénués de tout talent et pas même belges ! La semaine prochaine, dimanche 26 mai, les Français sont à nouveau appelés à voter pour le scrutin européen et là, bis repetita, ils ne pourront toujours pas glisser dans l’urne un bulletin Bilal Hassani et devront se reporter sur une kyrielle de candidats dont on n’a jamais entendu la moindre chanson !
Résultat : le joyeux Bilal, privé du vote salutaire et patriotique, se ratatine à la quatorzième place de l’Eurovision laissant le trophée à un obscur mâle blanc dominant batave, quelle dégelée ! Pareillement, dimanche prochain, Bilal restera sur le triste côté de la démocratie chantante tandis que Nathalie Cuicui ou Marine Chouchen se disputeront le micro de Strasbourg pour y faire entendre leurs voix aussi peu mélodieuses que probablement inutiles.
On me rétorquera fielleusement qu’une chansonnette doucereuse de Bilal Hassani n’est pas en mesure d’apporter un gain très mesurable de pouvoir d’achat et qu’avant les perruques et le strass, les Français privilégient l’Euro sonnant et trébuchant sur l’Europe fut-elle eurovisionnée. Certes. Mais comment faire aimer l’Europe et ses fastueuses largesses quand on accumule dans les esprits ombrageux de nos concitoyens et par des règlements honteusement discriminatoires, des frustrations incessantes leur interdisant de porter au plus haut des podiums le candidat inclusif qui a conquis leurs suffrages ? On ne s’étonnera pas, après ce sinistre camouflet de l’Eurovision, du taux d’abstention hyperbolique du scrutin de dimanche prochain. Après la défaite de Bilal Hassani, à quoi bon, je vous le demande, à quoi bon ?
Il faut réagir sans tarder, réformer sans barguigner et légiférer sans faillir. En tant que Ministre du Dimanche, je déposerai sur la table de cuisine de la Commission Européenne une résolution visant à fusionner, ni plus ni moins, l’Eurovision avec le Parlement européen. Les députés européens seront désormais sommés de chanter toutes leurs interventions dans l’hémicycle tandis que les groupes politiques présenteront leurs résolutions avec une chorégraphie soignée mettant en valeur les trésors gesticulatoires des banlieues locales. Les votes s’effectueront sur la base d’une échelle de un à douze points et la directive approuvée sera mise en musique et mixée devant un public délirant sous une avalanche festive de confettis arc-en-ciel. Pour atteindre le plus haut degré d’expression artistique, notamment lors des discussions budgétaires, chaque président de groupe aura le loisir d’être assisté par un coach.
Bilal Hassani, un bien gentil garçon qui ne recule devant aucune difficulté apparemment insurmontable, a accepté d’être le coach vocal de Nathalie Cuicui. Nous l’en remercions.
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